ColisActiv’ : des études pour révéler le potentiel de la cyclologistique dans les territoires

Afin d’accompagner les collectivités dans l’identification des actions à mener pour le développement de la cyclologistique, le programme ColisActiv’ élabore des études approfondies à destination des territoires. Des entretiens avec les acteurs locaux et les principaux donneurs d’ordres nationaux, ainsi qu’une étude fine du territoire permettent d’apporter des réponses concrètes pour structurer une stratégie de développement adaptée à chaque territoire.

À ce jour, ColisActiv’ a été déployé dans dix-sept territoires en France. Le programme soutient la cyclologistique en offrant une prime pour chaque colis livré à vélo cargo. Préalable à l’intégration d’un nouveau territoire, la réalisation d’une étude approfondie permet de bien calibrer les actions complémentaires à mettre en place. Ces études peuvent aussi être réalisées de manière indépendante, permettant à tout territoire d’évaluer l’état actuel de la cyclologistique et d’identifier les leviers à actionner pour son développement.

Une étude structurante pour la cyclologistique locale

L’étude ColisActiv’ se compose de plusieurs volets. Elle commence par une partie pédagogique sur la logistique urbaine et la cyclologistique, afin de sensibiliser les acteurs locaux à ces enjeux. Ensuite, une analyse approfondie du territoire est effectuée. Elle inclut une cartographie des acteurs locaux — tels que les opérateurs de cyclologistique et les donneurs d’ordre — mise en regard d’une étude de la réglementation en vigueur, de la densité démographique, du maillage commercial et de la topographie du territoire. Cette analyse est complétée par des entretiens avec les acteurs locaux, afin de mieux comprendre leurs besoins et attentes. L’ensemble de ces éléments permet de définir des actions concrètes à mettre en œuvre pour favoriser le développement de la cyclologistique.

Comme l’explique Romain Barbé, consultant logistique urbaine pour ColisActiv’, « cette étude approfondie permet de calculer l’état de maturité de la cyclologistique, de voir où en est le territoire aujourd’hui, d’estimer son potentiel pour les années à venir, et de définir le budget à mobiliser pour accompagner ce développement. Elle permet également d’embarquer tous les acteurs autour de cette ambition commune. »​

Bordeaux : une étude qui conforte les orientations stratégiques

À Bordeaux, la réglementation était déjà favorable au développement de la cyclologistique. La ville bénéficiait d’un écosystème dynamique, avec des acteurs engagés dans le secteur depuis plusieurs années. Cependant, l’étude ColisActiv’ a permis de renforcer et d’éclairer les choix des élus locaux. « L’étude a montré que nous avions un bel écosystème, ce qui a conforté nos élus dans leurs décisions et orientations pour développer la cyclologistique », explique Thibaut Baladon, responsable du service stationnement et logistique urbaine de Bordeaux Métropole.

L’un des points forts de cette étude a été la cartographie des activités et de l’écosystème cyclologistiques : « L’étude a révélé la présence de deux fois plus d’acteurs que ce que nous avions identifié initialement. Les témoignages et verbatims des professionnels ont été particulièrement utiles, car les élus sont souvent plus réceptifs à ce type de témoignages qu’à des études uniquement chiffrées. Cet aspect qualitatif est un vrai plus », ajoutent-t-il.

Nancy : identification du potentiel de la cyclologistique

À Nancy, la situation est différente. Plus petite métropole de France avec ses 250 km², Nancy affichait une part modale vélo de 3 % en 2020. À son arrivée, le nouvel exécutif a affirmé son choix de transformer la métropole du point de vue des mobilités, en consacrant 300 millions d’euros à son Plan Métropolitain des Mobilités pour la période 2022-2026. L’étude ColisActiv’ a notamment montré que le potentiel de développement de la cyclologistique se concentre dans l’hypercentre de Nancy. « L’étude a permis de faire un état des lieux, un constat et d’élaborer des pistes de réflexion sur les leviers pour développer la cyclologistique », témoigne Jacob Genelle, directeur adjoint des Mobilités à Nancy. 

Des recommandations partagées pour renforcer la réglementation

L’une des conclusions communes des études menées à Bordeaux et Nancy est la nécessité d’adapter ou faire appliquer la réglementation pour accompagner la transition vers la cyclologistique. À Bordeaux, bien que des restrictions existent, de nombreuses dérogations pour les véhicules motorisés subsistaient – parfois pour des raisons justifiées, d’autres fois sans réelle nécessité. Grâce aux recommandations de l’étude, en phase avec les retours du terrain, Bordeaux a notamment engagé un travail pour garantir une meilleure application des règles qui sont favorables à la cyclologistique dans l’hypercentre. 

À Nancy, il existe peu de contraintes de circulation pour les véhicules motorisés et les livraisons sont aisées pour les véhicules motorisés. « Nous avons identifié, et c’est un point qui a également été relevé par l’étude, qu’il était nécessaire de revoir la réglementation pour apaiser et faire évoluer les parts modales, y compris pour la logistique. Si la majorité des acteurs ont déjà fait évoluer leurs pratiques, d’autres insistent pour qu’on renforce la réglementation pour faire approuver ces évolutions en interne », souligne Jacob Genelle. 

Une feuille de route pour développer la cyclologistique

Dans tous les cas, ces études viennent alimenter une feuille de route Logistique urbaine durable dans laquelle un certain nombre d’actions participent au  développement de la cyclologistique. À Bordeaux, par exemple, de nouveaux micro-hubs logistiques et des espaces logistiques urbains (ELU) sont en cours de déploiement. Par ailleurs, la question du foncier logistique est intégrée à la réflexion pour chaque nouveau projet d’aménagement urbain. La ville explore également le potentiel de la logistique fluviale combinée à la cyclologistique pour le dernier kilomètre. À Nancy, la métropole étudie les moyens d’encourager la cyclologistique dans ses procédures d’achat public et ses appels d’offres lorsque c’est pertinent, une démarche également engagée à Bordeaux.

Ces deux exemples soulignent en tout cas l’utilité d’un tel état des lieux : « Cela permet de questionner et de faire remonter l’organisation et les attentes de l’écosystème cyclologistique. Ce travail est très important car les réponses ne sont pas les mêmes d’une EPCI ou territoire à l’autre », pointe Estelle Régnier, responsable logistique urbaine de Bordeaux Métropole. « L’étude est venue renforcer notre conviction de la nécessité d’échanges entre les donneurs d’ordre, les acteurs de la livraison, et les élus. C’est essentiel pour connaître nos contraintes respectives et mieux aligner nos ambitions politiques », ajoute Jacob Genelle. 

En impliquant les acteurs locaux et en fournissant des recommandations adaptées, ces études facilitent la mise en place de stratégies de long terme, tout en sensibilisant les décideurs politiques aux enjeux de la logistique urbaine.